je vous présente ici le premier extrait d'une rencontre fructueuse.
Duos improbables et conversations impétueuses entre amis... je vous présente ici le premier extrait d'une rencontre fructueuse.
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Vous êtes un peu tanné d'entendre encore et encore les mêmes airs de Noël, toujours joués de semblable façon? Alors soyez témoin de leur démolition en règle, au Fou-Bar, le 16 décembre prochain, à partir de 21 heures. Depuis des années, à chaque Noël, j'écris un nouveau conte. À vous, petits et grands, j'offre ici une autre de ces histoires, à raconter, au coin du feu, à l'heure du coucher... Épisode troisième, de cinq... Noëline, frondeuse, passe devant et ouvre bravement la marche d’un pas décidé. Elles trouvent un sentier de neige durcie qui longe la rivière. La neige craque sous leurs pas. Le temps se refroidit. En vue du camp du poivrot, les jumelles avancent prudemment. On entend des jappements assourdis venant de l’intérieur de l’habitation. Tout à coup, la porte s’ouvre, et Rex, le berger allemand du père Dufour fonce vers elles en aboyant furieusement. - « Assis Rex! » commande l’ivrogne de loin. La bête s’assoit dans la neige tout en continuant d’aboyer en regardant son maître s’approcher en titubant, une bouteille à la main. - « Sainte Bagosse de saint Sirop, ah ben que v’la t’y pas d’la belle visite, par exemple! Vous allez rentrer une minute vous réchauffer… Y pas de pire tourment pour un homme comme moi que de boire tout seul pis dans l’temps des fêtes en plus de çà ». « Merci bien monsieur Dufour, mais on a pas le temps de s’attarder. Nos parents vont s’inquiéter. Faut rentrer au plus vite à la maison. » - « Des belles jeunesses comme ça, c’est-y pas beau à regarder. Vous pensez quand même pas que j’vais vous laisser partir sans vous avoir embrassé! Le jour de l’an, c’est juste une fois par année. Si vous voulez pas rentrer, Rex va s’énerver, han mon chien? » et le molosse de gronder de plus belle. - « Pis d’abord, dites moi donc qu’essé que vous cachez dans votre sac? Ça serait-y pas un gibier pris dans mes collets à moi? » - « Pas du tout monsieur Dufour, c’est juste une vieille corde qu’on a trouvé. Si vous voulez on peut vous la montrer? » Ce disant, Noëline ouvre son sac, attrape le câble ensorcelé et le lance dans les airs… Le bonhomme Dufour, médusé, regarde en haut, regarde en bas, se gratte la tête, fait le tour du cordeau qui se tient debout tout seul… - « Saint Simonnak de Tabouère de Câlibine! J’ai jamais vu une patente de même! Comment ça fait pour tenir debout en l’air c’te corde là? » Il referme sa grosse main poilue sur la corde et tire un grand coup…et le voilà disparu comme par enchantement! ... Le chien, apeuré, s’enfuit en hurlant. - « Bon débarras!» dit Noëla, «avec le coup qu’il a donné, on a la paix pour au moins une heure. Allons-nous en avant qu’ils réapparaissent, lui ou son vilain cabot ! » Le vent forcit de minute en minute, la neige se met à poudrer. Heureusement qu’elles ont le sentier de neige tapée pour les guider. Une demi-heure plus tard, elles sont rendues au pont des Dupont. Le vent du Nord-Est leur givre le visage. Elles doivent de temps en temps marcher à reculons pour se protéger de la morsure du froid. La tempête les fouette sauvagement. Arrivées devant le magasin général, elles sont frigorifiées. - « On entre pour se dégeler un peu? » demande Noëla. - « Bonne idée! » répond Noëline. Elle se défait de son sac de jute, le dépose sur la galerie enneigée. Qui leur volerait un sac de jute fatigué avec dedans une vieille corde usée? Toutes deux secouent leurs bottes et se déneigent mutuellement, puis entrent en faisant sonner la cloche au dessus de la porte. «Ding Dong» Madame Turgeon, affalée sur son journal, leur jette un regard perplexe par dessus ses lunettes. - « Un mot de cinq lettres qui commence par un C et qui sert à attacher? » demande la grosse dame en se tapotant le nez du bout de son crayon à mine. Les jumelles se regardent et pouffent d’un rire simultané… - « Un bon chocolat chaud, ça va nous ravigoter pis nous donner des idées pour votre mot croisé! » dit Noëline, le visage encore rougi de froid. - « Votre père est passé tout à l’heure. Il avait l’air de s’inquiéter. Plusieurs de vos frères sont arrivés. Je les ai vu passer en skidoo. Ils vont vous chercher bientôt. C’est presque l’heure du souper. Si vous voulez rester pour un breuvage chaud, vaut mieux leur téléphoner.» - « Écoute Noëline, je pense qu’on est mieux d’y aller, sans ça on va avoir du trouble. » - « Ben non voyons, on peut toujours ben prendre le temps de se réchauffer quelques minutes. C’est les vacances, oui ou non? » - « OK d'abord!… » - « Deux chocolats chauds avec crème fouettée s.v.p. madame …pis passez nous donc votre journal qu’on jette un coup d’œil en attendant .» Quinze minutes plus tard, le téléphone sonne ; c’est monsieur Dupont . Trop heureux de retrouver ses filles avant la tempête annoncée à la télé, il ne les gronde que pour la forme et envoie un de ses fils les chercher. VROUMM…Guillaume arrive en trombe sur sa moto-neige et fait rugir son engin en face du magasin. En sortant sur le perron, Noëline cherche son sac de jute…Elle l’avait pourtant déposé à gauche de la porte, contre le mur, juste sous la fenêtre. On voit dans la neige des traces de bottes. Quelqu’un à pris la corde et le sac…les traces se perdent dans la poudrerie. - « Qu’est ce qu’on fait ? » demande Noëline. - « Pour l’instant on laisse faire. C’est un secret entre nous deux . De toute façon personne ne va nous croire si on raconte cette histoire. Allons souper. Pour aujourd’hui c’est terminé! » Accroupie derrière une rangée d’épinettes secouées par le vent, une silhouette sombre regarde la moto-neige s’éloigner en pétaradant... -la suite au prochain épisode...
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Michel Côté MusiqueBlog Archives
Mars 2020
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