La bride magique, un conte en 5 épisodes de Michel Cote
Une fois, ça fait longtemps, c’était un pauvre gars, Henri qu’il s’appelait, pis y était pas chanceux ben ben. Y avait jamais connu ses parents. Y était resté jusqu’à l’âge de 15 ans dans un orphelinat, pis personne l’avait jamais choisi pour être adopté. Faut dire qu’y était pas ben beau…feluette, avec les bras trop longs, y avait une grande bouche avec les dents par en avant, des p’tits yeux croches, pis des grandes oreilles molles plantées sur le dessus de la tête.
Y était pas méchant, mais y était tellement gêné, qu’y pissait à terre si tu le regardais trop longtemps.
Quand même, y était ben serviable pis toute, pis surtout, y était pas fou le petit vlimeux. Y faisait semblant de rien, mais y comprenait pas mal plus d’affaires qu’y n’en laissait voir. À l’orphelinat, les Soeurs lui faisaient faire toute sortes de petits travaux pis de commissions en échange du gîte pis du couvert. Faut dire qu’y dormait à terre dans l’écurie, pis qu’y mangeait pas ben gros. Mais y aimait ben les animaux, pis surtout les chevaux. À un moment donné, un hiver, y lui est arrivé une drôle d’histoire que m’as vous conter icitte à soir si vous me le permettez.
Y était pas tard après le souper, pis Henri venait juste de finir sa journée. Y arrangeait sa paille pour se coucher dans le box du fond, le plus loin possible des grandes portes de planches, ça fermait pas ben ben étanche ces gréements là. Les chevaux avaient été soignés pis étrillés, mais y étaient nerveux pis y piaffaient pis y hennissaient, probablement à cause du mauvais temps qui s’en venait.
Toujours est-il qu’en arrangeant sa paille en tapon dans un coin pour se faire une couchette pas trop dure, y s’écorche le rebord de la main après une tête de clou qui dépassait d’à terre. Y détasse un peu sa paillasse pour voir ce qu’y avait là…y avait une planche de mal clouée dans le bas du mur. À tenait juste par c’te clou rouillé pis mal planté. Y était crochi au milieu, ça se trouvait à faire comme une petite poignée. Y tire su c’te clou là en zigonnant pour le déplanter, bang, la planche à y tombe sur les pieds. En dessous d’la planche y avait comme une cavité, un genre de cachette.
Y fouille avec sa main pour voir qu’est-cé qu’y avait là, y trouve un vieux harnais en cuir, pas mal magané. Y allume sa lampe à l’huile, y commençait à faire sombre déjà. Y regarde çà comme faut, y avait de quoi d’étampé dans le cuir. Y rapproche çà du fanal, c’était écrit la même affaire à trois place ; sur la lanière du front pis sur les deux montants du mors de la bride :
Quand même, y était ben serviable pis toute, pis surtout, y était pas fou le petit vlimeux. Y faisait semblant de rien, mais y comprenait pas mal plus d’affaires qu’y n’en laissait voir. À l’orphelinat, les Soeurs lui faisaient faire toute sortes de petits travaux pis de commissions en échange du gîte pis du couvert. Faut dire qu’y dormait à terre dans l’écurie, pis qu’y mangeait pas ben gros. Mais y aimait ben les animaux, pis surtout les chevaux. À un moment donné, un hiver, y lui est arrivé une drôle d’histoire que m’as vous conter icitte à soir si vous me le permettez.
Y était pas tard après le souper, pis Henri venait juste de finir sa journée. Y arrangeait sa paille pour se coucher dans le box du fond, le plus loin possible des grandes portes de planches, ça fermait pas ben ben étanche ces gréements là. Les chevaux avaient été soignés pis étrillés, mais y étaient nerveux pis y piaffaient pis y hennissaient, probablement à cause du mauvais temps qui s’en venait.
Toujours est-il qu’en arrangeant sa paille en tapon dans un coin pour se faire une couchette pas trop dure, y s’écorche le rebord de la main après une tête de clou qui dépassait d’à terre. Y détasse un peu sa paillasse pour voir ce qu’y avait là…y avait une planche de mal clouée dans le bas du mur. À tenait juste par c’te clou rouillé pis mal planté. Y était crochi au milieu, ça se trouvait à faire comme une petite poignée. Y tire su c’te clou là en zigonnant pour le déplanter, bang, la planche à y tombe sur les pieds. En dessous d’la planche y avait comme une cavité, un genre de cachette.
Y fouille avec sa main pour voir qu’est-cé qu’y avait là, y trouve un vieux harnais en cuir, pas mal magané. Y allume sa lampe à l’huile, y commençait à faire sombre déjà. Y regarde çà comme faut, y avait de quoi d’étampé dans le cuir. Y rapproche çà du fanal, c’était écrit la même affaire à trois place ; sur la lanière du front pis sur les deux montants du mors de la bride :
Ça fait qu’en disant çà, y entend comme un coup de tonnerre, monsieur, pis y apparaît un grand joual noir dans c’te harnais là. Une grande jument efflanquée, les yeux effarouchés. Pis ça se met à renâcler pis à vouloir s’cambrer c’te bête là. Y’la tiens ben comme y faut, pis y gui parle tranquillement pour la calmer.
«Wôô ma noire, arrête un peu, bout d’Viarge de bout d’Saint Crème! Tu veux-tu ben m’dire d’où c’est que tu viens pour être énervée d’même …pis d’abord, comment ça se fait que t’apparais tout d’un coup comme çà icitte, la tête dans c’te licou là? »
- « Ah, à dit, c’t une longue histoire, mais c’est toujours ben toi qui m’as obligé à m’en venir icitte en invoquant tout haut les mots magiques d’écrits sur c’te bride là pis en la tenant à bout de bras comme que tu fais là ! »
- « Aye, une jument qui parle, en plus de t’ça, qu’y dit…on dirait ben qu’y a du maléfice en arrière de t’ça…pis t’es donc ben maigre d’abord, y dit, pour un animal ensorcelé…tiens, mange donc un peu d’foin, pis m’a t’apporter de l’eau dans une chaudière pour te désaltérer. »
- « Ah non! qu’à dit, du foin c’est rien que bon pour les bêtes d’étable pis d’écurie, à dit, moi j’mange juste d’la bonne nourriture, d’la soupe, des sandwiches, des binnes, des affaires de même… »
- « Ma foi du Bon Dieu, qu’y dit, vas-tu falloir que je t’installe dans l’salon d’la Mère Supérieure pis que j’te serve dans d’la vaisselle en or avec ça? Imaginez vous donc…une jument dans l’Prieuré, çà a tu du bon-sens!»
- « C’est çà, qu’à dit, moques toi donc d’moi à cette heure, qu’à dit, mais tu sauras que chu t’une princesse enmorphosée en joual par un mauvais sort, pis que si une personne était capable de tout’ faire ce qu’y faut pour me ramener en jeune fille comme que j’étais avant, à verrait que chu pas si pire que ça! »
- « Aye, une jument qui parle, en plus de t’ça, qu’y dit…on dirait ben qu’y a du maléfice en arrière de t’ça…pis t’es donc ben maigre d’abord, y dit, pour un animal ensorcelé…tiens, mange donc un peu d’foin, pis m’a t’apporter de l’eau dans une chaudière pour te désaltérer. »
- « Ah non! qu’à dit, du foin c’est rien que bon pour les bêtes d’étable pis d’écurie, à dit, moi j’mange juste d’la bonne nourriture, d’la soupe, des sandwiches, des binnes, des affaires de même… »
- « Ma foi du Bon Dieu, qu’y dit, vas-tu falloir que je t’installe dans l’salon d’la Mère Supérieure pis que j’te serve dans d’la vaisselle en or avec ça? Imaginez vous donc…une jument dans l’Prieuré, çà a tu du bon-sens!»
- « C’est çà, qu’à dit, moques toi donc d’moi à cette heure, qu’à dit, mais tu sauras que chu t’une princesse enmorphosée en joual par un mauvais sort, pis que si une personne était capable de tout’ faire ce qu’y faut pour me ramener en jeune fille comme que j’étais avant, à verrait que chu pas si pire que ça! »
Pis là, à se r’vire face au mur de l’étable pis à se met à brailler à chaudes larmes. Pis à braillait. Pis plus qu’à braillait, plus qu’à braillait.
Pis plus ça allait, plus que c’tait pire…à s’ambitionnait avec ça.
Ça fait que là, y la prend par le licou, pis y lui parle en la flattant pour essayer de la raisonner…mais c’était pas mieux! Y lui laisse le temps de se calmer un peu quelques minutes, pis y la mène par la bride, marcher un peu dehors. Ça fait toujours du bien d’marcher dehors le soir après souper, surtout quand ça file pas plus que ça...
( Suite au prochain épisode )
Pis plus ça allait, plus que c’tait pire…à s’ambitionnait avec ça.
Ça fait que là, y la prend par le licou, pis y lui parle en la flattant pour essayer de la raisonner…mais c’était pas mieux! Y lui laisse le temps de se calmer un peu quelques minutes, pis y la mène par la bride, marcher un peu dehors. Ça fait toujours du bien d’marcher dehors le soir après souper, surtout quand ça file pas plus que ça...
( Suite au prochain épisode )
Dans ce deuxième épisode, Ma Noire, la princesse enmorphosée en cheval, réussira-t-elle à convaincre Henri de la suivre dans son aventure?
Ça fait que le vent avait viré d’bord pis ça s’était radouci pas mal. Y faisait quasiment noir, mais Henri connaissait les alentours comme le fond de sa poche, ça fait qu’y la mène du long d’une trail qui menait à un p’tit lac dans le bas d’la rivière.
Y parlaient pas ni un ni l’autre, y marchaient tranquillement. Au bout d’un heure ou deux, y arrivent au bord du lac. C’tait tranquille monsieur, on entendait pas rien pantoute.
Y parlaient pas ni un ni l’autre, y marchaient tranquillement. Au bout d’un heure ou deux, y arrivent au bord du lac. C’tait tranquille monsieur, on entendait pas rien pantoute.
-« Y a tu quelqu’ chose que j’pourrais faire, y dit, pour t’aider à conjurer c’te mauvais sort qui t’as enmorphosé en joual, pis c’est tu faisable au moins? »
-« Ah, à dit, c’est ben difficile, pis y’a plusieurs conditions à part de t’ça. Premièrement à dit, ça prendrait quelqu’un qui aurait pas d’ famille, ni père ni mère, ni femme ni enfant, ni chien ni chat, pis qu’y aurait pas peur de rien ni d’personne, pis ça, à dit, c’est pas facile à trouver!
Pis deuxièmement, à dit, faudrait que c’ta même personne là à se serve d’la formule sur la bride ben manque pas plus que trois fois en toute, à dit, sinon j’vas rester en joual jusqu’à fin de mes jours.
-« Ah, à dit, c’est ben difficile, pis y’a plusieurs conditions à part de t’ça. Premièrement à dit, ça prendrait quelqu’un qui aurait pas d’ famille, ni père ni mère, ni femme ni enfant, ni chien ni chat, pis qu’y aurait pas peur de rien ni d’personne, pis ça, à dit, c’est pas facile à trouver!
Pis deuxièmement, à dit, faudrait que c’ta même personne là à se serve d’la formule sur la bride ben manque pas plus que trois fois en toute, à dit, sinon j’vas rester en joual jusqu’à fin de mes jours.
Pis troisièmement, à dit, y faudrait que c’te personne là à soit prête à me marier drette là, avant même de m’avoir vue en jeune fille…mais là, à dit, si une même personne faisait tout ça, l’enchantement pourrait s’annuler pis je serais libérée ben raide, pis en plus de t’ça, à dit, j’pourrais toujours ben avoir un mari!»
-« Ouais, qui dit, c’est ben embêtant… seulement… moi j’connaitrais quasiment quelqu’un qui répondrait p’t’être ben à votre première condition! »
-« Non! qu’à répond, c’pas vrai! qu’à dit, ça me remonte l’espérance pis ça me r’donne du moral en ‘tit-péché c’que tu me dis là!...c’est qui, c’est qui? »
-« Ouais, qui dit, c’est ben embêtant… seulement… moi j’connaitrais quasiment quelqu’un qui répondrait p’t’être ben à votre première condition! »
-« Non! qu’à répond, c’pas vrai! qu’à dit, ça me remonte l’espérance pis ça me r’donne du moral en ‘tit-péché c’que tu me dis là!...c’est qui, c’est qui? »
-« Ben…c’est la personne qu’y est drette en avant de toi », qu’y dit, en r’gardant à terre pis en s’dandinant. Là, la gêne le r’poignait un brin, ça fait qu’y se retenait.
À se dévire, pis à le regarde comme faut…à l’examine comme si c’était la première fois qu’à le voyait.
Quand y a vu qu’à le dévisageait d’même, ça l’a intimidé encore plus. Une chance qu’y faisait noir, y était rouge comme une tomate pis y était tout crispé.
Mais de son point de vue à elle, enmorphosée en joual, de voir c’te face qui tirait plus sur le chevalin que sur l’humain, à le trouvait quand même pas si pire.
Pis là, dans la noirceur du soir, sur le bord du lac, à l’trouvait fin pas mal.
Ça fait qu’à dit : « Embarque sur mon dos pis m’en vas t’emmener quelqu’part ».
À se dévire, pis à le regarde comme faut…à l’examine comme si c’était la première fois qu’à le voyait.
Quand y a vu qu’à le dévisageait d’même, ça l’a intimidé encore plus. Une chance qu’y faisait noir, y était rouge comme une tomate pis y était tout crispé.
Mais de son point de vue à elle, enmorphosée en joual, de voir c’te face qui tirait plus sur le chevalin que sur l’humain, à le trouvait quand même pas si pire.
Pis là, dans la noirceur du soir, sur le bord du lac, à l’trouvait fin pas mal.
Ça fait qu’à dit : « Embarque sur mon dos pis m’en vas t’emmener quelqu’part ».
À s’penche un peu pis lui, y réussit à y grimper sur la croupe, pis là ça part çà monsieur pis çà y va par là en tabarnouche! Pis ça flye… au grand galop. Assez vite qu’on dirait qu’à touche même pas à terre avec ses sabot noirs. Pis lui, y se cramponne du mieux qu’y peut après la crinière pis y essaye juste de pas se faire désarçonner.
Au bout d’une douzaine d’heures à peu près, à slaque un peu, le matin se levait. Pis là y arrivent sur’l bord d’un grand fleuve. C’était assez large ça monsieur qu’on voyait ben manque pas l’autre bord!
À dit -« T’as-tu ben du courage?, à dit, parce que sinon, c’est encore le temps de r’virer de bord, à dit. Une fois qu’on sera dans l’fleuve, à dit, le courant va nous emporter pis on sera pu capable de s’en r’venir sur la grève, pis veut veut-pas, va falloir continuer pareil »
Lui y était terriblement fatigué, y dormait quasiment, y était couché sur elle, les deux bras de chaque bord, la bouche ouverte, les yeux à moitié fermés.
-« Tant qu’à faire, pis à cet’heure qu’on est rendus icitte, qu’y dit, autant continuer, pis d’abord j’vas pouvoir me r’poser après la traversée. Quand on sera rendu d’l’autre bord, tu vas voir, on s’trouvera ben un curé pis là, y dit, m’en va te marier drette là, pis ton mauvais sort y va toujours ben s’annuler, Saint Crème! »
-« C’est correct, à dit, mais y faudra pas que tu lâche le harnais magique, par c’qu’à tout coup, quand ça a fait une journée complète que ch’suis dans c’te bride là, à dit, à la minute près, à dit, je re-disparais pis là, si tu la tiens pas comme y faut, à dit, ça donne un grand coup, pis tu vas l’échapper pis tu pourras pas jamais la r’trouver, fait que tu pourras pus me rappeler par la formule non plus. »...
(-À suivre)
(-À suivre)
Dans ce troisième épisode du conte, nos deux amis seront en grand danger! Vont-ils pouvoir s'en sortir?
Ça fait que ma Noire à l’embarque dans l’eau pis à fonce, envoye donc. Après deux trois minutes, à l’arrive dans le plus creux pis à se met à nager avec ses grandes pattes maigres. Y a du courant pas mal, pis ça prend pas de temps qu’y se font entraîner loin au large. Y a des grosses vagues, monsieur, ça leur passe par dessus la tête, pis Henri y faut qu’y s’accroche comme y faut sinon y se font engloutir. Y s’en vont comme ça pendant un maudit bout, pis à la tombée du jour, y finissent par aboutir sur une terre à quelque part. Y sont tellement fatigués qu’y s’écrasent direct là tous les deux, sans connaissance.
Le lendemain matin notre Henri se réveille, de l’eau dans les oreilles pis du sable dans à bouche, la main fermée serrée sur la fameuse bride…mais, y a plus de jument dedans.
On peut encore voir la trace de sa grande carcasse étampée dans le sable mou.
Le lendemain matin notre Henri se réveille, de l’eau dans les oreilles pis du sable dans à bouche, la main fermée serrée sur la fameuse bride…mais, y a plus de jument dedans.
On peut encore voir la trace de sa grande carcasse étampée dans le sable mou.
Y se lève, pis y se promène autour pour voir. Y aime mieux pas appeler la Noire tout de suite, y a juste trois chances en tout pis là, y en a déjà gaspillé une. Y est mieux de ménager les deux qui y restent, en attendant de voir ce qu’y pourrait ben faire.
Y avait un grand cheveu noir de pris après à ganse du harnais. Y le prend délicatement pis y se l’enroule autour du petit doigt, y fait un nœud, pis y range la bride magique dans sa chemise.
Y avait un grand cheveu noir de pris après à ganse du harnais. Y le prend délicatement pis y se l’enroule autour du petit doigt, y fait un nœud, pis y range la bride magique dans sa chemise.
Y se met à marcher sur la grève. Y arrive à une place, y avait des grosses pierres d’empilées, ça faisait comme des grosses marches d’escalier.
Y grimpe là dessus. Pis monte, pis grimpe. À un moment donné, ça y a donné chaud, y s’arrête un peu pour souffler, y s’assoit entre deux grosses roches. À ce moment là y entend comme un bruit sourd, pis ça se rapprochait…
...Broum…Broum…Broum...
Y a juste le temps de se reculer pis de se cacher entre ses deux roches, y arrive un géant. C’était grand çà monsieur, haut comme un arbre, pis poilu pas à peu près en plus de çà. Ça transportait un joual sur son épaule comme si c’était juste une froque ou un baluchon. Un joual noir. Ça monte les marches deux par deux, pis ça disparaît hors de vue.
Y grimpe là dessus. Pis monte, pis grimpe. À un moment donné, ça y a donné chaud, y s’arrête un peu pour souffler, y s’assoit entre deux grosses roches. À ce moment là y entend comme un bruit sourd, pis ça se rapprochait…
...Broum…Broum…Broum...
Y a juste le temps de se reculer pis de se cacher entre ses deux roches, y arrive un géant. C’était grand çà monsieur, haut comme un arbre, pis poilu pas à peu près en plus de çà. Ça transportait un joual sur son épaule comme si c’était juste une froque ou un baluchon. Un joual noir. Ça monte les marches deux par deux, pis ça disparaît hors de vue.
Aille, Henri se dépêche de le suivre, pis y arrive en haut des marche, tout essoufflé, y voit le géant qui était à quatre pattes à terre en avant d’une grosse porte en fer. Y le voit qui s’arrache un cheveu de dessus la tête, pis qu’y rentre ce cheveu là dans le trou de la serrure. La porte se rouvre, y ramasse son joual mort, pis y rentre, pis y referme la porte.
Là notre Henri y était ben inquiet. Y était plus trop trop sûr de savoir quoi faire. Si la Noire est morte, quand ben même qu’y l’appellerait avec la formule…est morte, est morte! Sinon, si est pas morte, pis qu’y l’appelle, y gaspille sa deuxième chance quasiment pour à rien. Mais ça le tracassait bien que trop. Y ressort la bride pis y la tient ben haut devant lui, pis y prononce les mots d’écrits dessus, mais pas trop fort pour pas se faire entendre du géant :
Là notre Henri y était ben inquiet. Y était plus trop trop sûr de savoir quoi faire. Si la Noire est morte, quand ben même qu’y l’appellerait avec la formule…est morte, est morte! Sinon, si est pas morte, pis qu’y l’appelle, y gaspille sa deuxième chance quasiment pour à rien. Mais ça le tracassait bien que trop. Y ressort la bride pis y la tient ben haut devant lui, pis y prononce les mots d’écrits dessus, mais pas trop fort pour pas se faire entendre du géant :
« MA NOIRE-DE PAR MON POUVOIR-ENVOYE ICITTE TU SUITE »
« MA NOIRE-DE PAR MON POUVOIR-ENVOYE ICITTE TU SUITE »
« MA NOIRE-DE PAR MON POUVOIR-ENVOYE ICITTE TU SUITE »
Là on entend comme un coup de tonnerre pis la grand’ jument noire à y apparaît dans à bride pareil comme l’autre fois.
-« Maudit fou, qu’à dit, t’es donc ben pas prudent de m’incanter juste en avant de la porte du géant, à dit, vite , à dit, monte sur mon dos, faut sacrer notre camp d’icitte, ça presse! »
Y lui saute sur là croupe pis ça part. Y avait un chemin qui descendait en zigzag par en arrière, de l’autre côté de la montagne. Y te descendent ça monsieur.
Y arrivent en bas de ça, y avait une vallée, un beau grand pré, avec de la belle herbe fraîche, pis tout un troupeau de chevaux sauvages qui broutaient dans ça. Des centaines de chevaux, des blancs, des noirs, des bruns, des tachetés, des mouchetés, des deux-couleurs…À ralentit même pas pis à va se mélanger au milieu de ce troupeau là.
-« Maudit fou, qu’à dit, t’es donc ben pas prudent de m’incanter juste en avant de la porte du géant, à dit, vite , à dit, monte sur mon dos, faut sacrer notre camp d’icitte, ça presse! »
Y lui saute sur là croupe pis ça part. Y avait un chemin qui descendait en zigzag par en arrière, de l’autre côté de la montagne. Y te descendent ça monsieur.
Y arrivent en bas de ça, y avait une vallée, un beau grand pré, avec de la belle herbe fraîche, pis tout un troupeau de chevaux sauvages qui broutaient dans ça. Des centaines de chevaux, des blancs, des noirs, des bruns, des tachetés, des mouchetés, des deux-couleurs…À ralentit même pas pis à va se mélanger au milieu de ce troupeau là.
A dit -« Vite, enlève moi ça cette bride là, pis cache toi dans le bosquet qu’y a là, dépêche. Le géant va s’en venir icitte pis y va chercher. Je suis sûre, à dit, qu’y a entendu le coup de tonnerre, pis y sait qu’on est pas loin, » à dit.
Ça fait qu’Henri y lui ôte la bride pis y la met dans sa chemise pis y se cache dans le buisson le plus proche…Ouch! c’était plein d’épines cette affaire là. Là, le géant arrive en courant, BROUM,BROUM, BROUM, la terre lui tremblait en dessous des pieds. Y se plante là, y regarde çà, pis y se met à conter ses chevaux un par un, y savait par cœur combien qu’y en avait. Mais des chevaux sauvages, ça se tient pas tranquille ben ben longtemps. Ça s’promène, ça se baisse la tête, ça se couraille, ça arrête pas de bouger.
Le géant se trompait, recommençait, se re-trompait pis y recommençait. À la fin, y était pas mal tanné, y a dit « Ah pis qu’à mange dont d’la m… je m’en retourne à maison faire un somme! ».
Là, y revire de bord pis y remonte en haut de la côte en marmonnant pis en arrachant quelques sapins en passant.
La Noire à se rapproche du buisson tranquillement, en faisant semblant de rien, à chaiquait de même, à dit « Ouf! On l’a échappé belle, à dit, ça a passé proche en maudit, mais à cet-heure, écoutes moi ben, à dit, j’vas t’expliquer une couple d’affaires parce que, si on veut s’en sortir en vie, à dit, va falloir s’enligner, sinon on est pas mieux que morts » à dit. Pis là, à lui raconte toute son histoire...
(-à suivre)
Ça fait qu’Henri y lui ôte la bride pis y la met dans sa chemise pis y se cache dans le buisson le plus proche…Ouch! c’était plein d’épines cette affaire là. Là, le géant arrive en courant, BROUM,BROUM, BROUM, la terre lui tremblait en dessous des pieds. Y se plante là, y regarde çà, pis y se met à conter ses chevaux un par un, y savait par cœur combien qu’y en avait. Mais des chevaux sauvages, ça se tient pas tranquille ben ben longtemps. Ça s’promène, ça se baisse la tête, ça se couraille, ça arrête pas de bouger.
Le géant se trompait, recommençait, se re-trompait pis y recommençait. À la fin, y était pas mal tanné, y a dit « Ah pis qu’à mange dont d’la m… je m’en retourne à maison faire un somme! ».
Là, y revire de bord pis y remonte en haut de la côte en marmonnant pis en arrachant quelques sapins en passant.
La Noire à se rapproche du buisson tranquillement, en faisant semblant de rien, à chaiquait de même, à dit « Ouf! On l’a échappé belle, à dit, ça a passé proche en maudit, mais à cet-heure, écoutes moi ben, à dit, j’vas t’expliquer une couple d’affaires parce que, si on veut s’en sortir en vie, à dit, va falloir s’enligner, sinon on est pas mieux que morts » à dit. Pis là, à lui raconte toute son histoire...
(-à suivre)
Ma Noire nous révèle son secret alors qu' Henri passe à l'action et risque le tout pour le tout...
La Noire:«-Mon père était Magicien.Quand y a connu ma mère, y était déjà pas mal pas mal vieux. Y avait des bien belles qualités, mais j’ai jamais vu un homme jaloux de même. Comme j’étais sa seule fille pis qu’y voulait pas que je parte un jour, y avait imposé un sortilège pour que jusqu’à sept lieues à la ronde autour du château, toute personne qui me regarderait me verrait sous forme de joual. Y avait même fait disparaître tous les miroirs du village où on vivait pour que je me penses moi même une jument. Mais y pouvait toujours ben pas empêcher l’eau de refléter… malgré tout son pouvoir, y a des choses qu’y pouvait pas faire. »
« Un jour, quand j’ai eu mes 17 ans, je me suis aventuré loin sur un sentier, en dehors du village. C’était le milieu du mois de juillet, y faisait assez beau. Y avait une cascade, l’eau était fraîche, je me suis baignée. Pour me faire sécher, je me suis étendue sur l’herbe. Ça sentait bon,
c’était l’été. Me suis endormie...
c’était l’été. Me suis endormie...
Tout d’un coup, une grande ombre m’a caché le soleil. Une grosse main rugueuse m’a poignée, m’a soulevée d’à terre, pis m’a emportée. C’était le géant. Y était tombé amoureux de moi en me voyant, le pauvre. C’était la première fois de ma vie que quelqu’un d’autre que mon père pis ma mère me voyait en jeune fille telle que je suis.
J’avais pas peur au début. Mais quand j’ai vu où c’est qu’y restait, pis qu’y mangeait des chevaux crus pour dîner…j’ai voulu m’en aller. Je me suis sauvée, y m’a repognée. Y m’a emprisonnée dans une tour avec des barreaux. Depuis ce temps là, à chaque jour, y vient me voir, à la même heure, pour me demander de le marier. C’est pas qu’y est plus méchant qu’un autre, c’est juste que c’est un géant. Quand mon père y a vu ça, y a tout essayé pour me délivrer.
La bride magique, c’est lui qui l’a fabriquée.Y a amanché ce maléfice là pour pouvoir me voir temps en temps. C’est le plus qu’y pouvait faire contre le pouvoir du géant. Un géant aussi ça a des pouvoirs. Mais la magie de la bride ça durait juste une journée, pis après ça, on était pas plus avancé.
J’avais pas peur au début. Mais quand j’ai vu où c’est qu’y restait, pis qu’y mangeait des chevaux crus pour dîner…j’ai voulu m’en aller. Je me suis sauvée, y m’a repognée. Y m’a emprisonnée dans une tour avec des barreaux. Depuis ce temps là, à chaque jour, y vient me voir, à la même heure, pour me demander de le marier. C’est pas qu’y est plus méchant qu’un autre, c’est juste que c’est un géant. Quand mon père y a vu ça, y a tout essayé pour me délivrer.
La bride magique, c’est lui qui l’a fabriquée.Y a amanché ce maléfice là pour pouvoir me voir temps en temps. C’est le plus qu’y pouvait faire contre le pouvoir du géant. Un géant aussi ça a des pouvoirs. Mais la magie de la bride ça durait juste une journée, pis après ça, on était pas plus avancé.
Pis au bout de trois fois par la même personne, ça devenait trop risqué. C’est lui qui l’a caché dans ton écurie. Y pensait pas que quelqu’un finirait par la retrouver aussi loin, dans une petite place aussi perdue, au fond de ton écurie.
Mon père était rendu vieux. Toute cette histoire là, ça l’avait ben fatigué. Y est mort l’année passée, sans réussir à me délivrer. Mais y m’a dit pas mal d’affaires au sujet des géants, pis j’aurais peut-être ben une idée pour qu’on puisse finir par régler ça. « Tous les géants ont un point faible », disait mon père .
À tous les jours, à dit, le géant fait son somme avant de venir me demander en mariage. Je le sais, à dit, y ronfle tellement fort qu’on l’entend même jusque d’en haut de la tour. Pendant qu’y va dormir, à dit, tu vas entrer dans la tour, je vais t’expliquer comment. Pis là, tu vas monter jusqu’en haut de la tour, pis m’a te donner un de mes cheveux. Après ça, tu vas redescendre en bas, pis tu vas aller dans chambre du géant pis tu vas d’ y coudre les paupières fermées ensemble avec ce cheveu là. C’est des cheveux qui ont de la magie dedans, à cause de mon père. Si tu réussis, y va continuer à dormir aussi longtemps que le maléfice tiendra. Après ça, tu viendras me délivrer pis on pourra se sauver loin d’ici.
Demain, à la même heure, à dit, le sortilège va me ramener encore une fois dans ma prison, dans la tour du géant. Pis là, à dit, y va te rester plus rien qu’une dernière chance pour m’appeler avec la formule de la bride. Fais ben attention !»
Mon père était rendu vieux. Toute cette histoire là, ça l’avait ben fatigué. Y est mort l’année passée, sans réussir à me délivrer. Mais y m’a dit pas mal d’affaires au sujet des géants, pis j’aurais peut-être ben une idée pour qu’on puisse finir par régler ça. « Tous les géants ont un point faible », disait mon père .
À tous les jours, à dit, le géant fait son somme avant de venir me demander en mariage. Je le sais, à dit, y ronfle tellement fort qu’on l’entend même jusque d’en haut de la tour. Pendant qu’y va dormir, à dit, tu vas entrer dans la tour, je vais t’expliquer comment. Pis là, tu vas monter jusqu’en haut de la tour, pis m’a te donner un de mes cheveux. Après ça, tu vas redescendre en bas, pis tu vas aller dans chambre du géant pis tu vas d’ y coudre les paupières fermées ensemble avec ce cheveu là. C’est des cheveux qui ont de la magie dedans, à cause de mon père. Si tu réussis, y va continuer à dormir aussi longtemps que le maléfice tiendra. Après ça, tu viendras me délivrer pis on pourra se sauver loin d’ici.
Demain, à la même heure, à dit, le sortilège va me ramener encore une fois dans ma prison, dans la tour du géant. Pis là, à dit, y va te rester plus rien qu’une dernière chance pour m’appeler avec la formule de la bride. Fais ben attention !»
Le lendemain après midi, après que le géant soit venu se chercher un joual pour dîner pis qu’il l’ait mangé, y se couche dans son lit pour faire un somme, comme à son habitude. Henri s’était caché dehors su le bord de la tour, en haut des grosses marches, en arrière d’une roche.
Y s’approche de la porte en fer. Y avait des cheveux de géant à terre. Ben oui, avec ses gros doigts, le géant lui, y était pas capable de s’en arracher rien qu’un à la fois, ça fait qu’y en traînait deux-trois à terre.
Henri se ramasse un gros cheveu, y te l’enfile dans le trou de serrure, la grosse porte de fer s’ouvre en grinçant...WOUINNNG! Y rentre, la porte se referme en arrière de lui…PAKLAANG!
Y s’approche de la porte en fer. Y avait des cheveux de géant à terre. Ben oui, avec ses gros doigts, le géant lui, y était pas capable de s’en arracher rien qu’un à la fois, ça fait qu’y en traînait deux-trois à terre.
Henri se ramasse un gros cheveu, y te l’enfile dans le trou de serrure, la grosse porte de fer s’ouvre en grinçant...WOUINNNG! Y rentre, la porte se referme en arrière de lui…PAKLAANG!
Ça ronflait là dedans, terriblement, ça faisait comme un courant d’air chaud, pis ça sentait mauvais, c’était épouvantable. Y vient pour monter en haut de la tour, y cherche, y trouve pas d’escalier pour monter.
Y regarde par en l’air, y voit une grille rouillée, la porte du cachot, probablement. Le géant devait se tenir debout dans le milieu de la place, pour faire ses demandes en mariage! Ça lui prenait absolument un cheveu de la princesse, un cheveu magique pour coudre les paupières du géant. Y regardait en l’air en virant en rond, pis là, tout d’un coup, le géant arrête de ronfler pendant une minute.
Y regarde par en l’air, y voit une grille rouillée, la porte du cachot, probablement. Le géant devait se tenir debout dans le milieu de la place, pour faire ses demandes en mariage! Ça lui prenait absolument un cheveu de la princesse, un cheveu magique pour coudre les paupières du géant. Y regardait en l’air en virant en rond, pis là, tout d’un coup, le géant arrête de ronfler pendant une minute.
C’était jamais ben long ces sommes de géant là, une demi heure peut-être ben. Aille, là, y fallait qu’y se grouille un peu, le géant était pour se réveiller tout à l’heure.
Tout d’un coup, y pense…y avait un cheveu de la princesse enroulé après son petit doigt. Envoye, y rentre dans la chambre du géant, y grimpe sur le lit. Le géant était couché sur le dos. Y ronflait moins fort déjà, y avait pas de temps à perdre. Y déroule son cheveu, y avait pas d’aiguille pour percer les paupières du géant. Y a senti qu’y avait de quoi de piquant dans le revers de sa manche…
Tout d’un coup, y pense…y avait un cheveu de la princesse enroulé après son petit doigt. Envoye, y rentre dans la chambre du géant, y grimpe sur le lit. Le géant était couché sur le dos. Y ronflait moins fort déjà, y avait pas de temps à perdre. Y déroule son cheveu, y avait pas d’aiguille pour percer les paupières du géant. Y a senti qu’y avait de quoi de piquant dans le revers de sa manche…
y regarde, c’était une épine du buisson qui était restée piquée là. Là, y avait tout ce qui lui fallait. Envoye, y lui coud ça, monsieur, ben cousu ben comme faut, ça lui prend deux trois minutes pis c’est fait.
Là, le géant y dormait ben tranquillement, même plus besoin de faire attention. Y saute en bas du lit, mais là y fallait qu’y trouve un moyen de faire sortir la princesse de sa prison, en haut de la tour.
(A SUIVRE)
Là, le géant y dormait ben tranquillement, même plus besoin de faire attention. Y saute en bas du lit, mais là y fallait qu’y trouve un moyen de faire sortir la princesse de sa prison, en haut de la tour.
(A SUIVRE)
Henri retourne dans le milieu de la place, pis lui crie : -« Mam’zelle Manoire, y dit, je sais même pas votre nom, mais là, y dit, le géant est ben endormi, les deux yeux cousus avec un de vos cheveux, pis là, y me reste juste à trouver un moyen de vous sortir de ce cachot là. »
-« Pas tu-suite, à dit, y faut se marier avant que tu me voie en jeune fille, à dit, sinon, à dit, ça marchera pas, supposément. »
-« Ben d’abord, y dit, je pense que j’ai une idée, y dit, laissez-moi faire pis m’en va tout vous arranger ça. »
Y part pis y s’en va dehors. Y sort la bride de d'dans sa chemise, y la tient en l’air en face de lui pis y prononce pour la troisième fois :
-« Pas tu-suite, à dit, y faut se marier avant que tu me voie en jeune fille, à dit, sinon, à dit, ça marchera pas, supposément. »
-« Ben d’abord, y dit, je pense que j’ai une idée, y dit, laissez-moi faire pis m’en va tout vous arranger ça. »
Y part pis y s’en va dehors. Y sort la bride de d'dans sa chemise, y la tient en l’air en face de lui pis y prononce pour la troisième fois :
« MA NOIRE-DE PAR MON POUVOIR-ENVOYE ICITTE TU SUITE »
« MA NOIRE-DE PAR MON POUVOIR-ENVOYE ICITTE TU SUITE »
« MA NOIRE-DE PAR MON POUVOIR-ENVOYE ICITTE TU SUITE »
« MA NOIRE-DE PAR MON POUVOIR-ENVOYE ICITTE TU SUITE »
« MA NOIRE-DE PAR MON POUVOIR-ENVOYE ICITTE TU SUITE »
Un grand coup de tonnerre monsieur, pis la grand jument noire qui lui apparaît dans la bride comme de coutume.
À dit-« ben voyons, qu’est-ce que tu fais donc? Tu viens de gaspiller ta dernière chance! »
-« Fais toi-s’en pas, qu’y dit, j’ai mon idée. Fais moi confiance pis fais moi embarquer sur ton dos, on s’en va. »
À dit-« ben voyons, qu’est-ce que tu fais donc? Tu viens de gaspiller ta dernière chance! »
-« Fais toi-s’en pas, qu’y dit, j’ai mon idée. Fais moi confiance pis fais moi embarquer sur ton dos, on s’en va. »
Ça fait qu’y partent de là pis y galopent jusqu’au village de la princesse. C’était pas mal loin. Ça leur a pris une couple d’heures certain. Là, y arrivent devant l’église, la messe de six heures venait de finir, la cloche sonnait pis les paroissiens sortaient tranquillement. Y se penche pis dit à la Noire « attends moi une minute, m’a aller voir le curé. »
Y rentre dans l’église, y voit le curé qui venait juste d’enlever son étole pis son surplis pis y était après éteindre ses cierges pis se ramasser. C’est un curé qui était ben vieux, pis y était à moitié aveugle. Y avait des grosses lunettes épaisses, on voyait quasiment pas ses yeux au travers.
Notre Henri va voir le curé pis y lui dit –« bonsoir monsieur le curé, c’est une ben belle église que vous avez là! »
-« Ah ben oui, qu’y dit le curé, est ben belle mais là, y dit, belle pas belle, comme tu peux voir, je suis après la fermer »
Henri y dit-« Je m’excuse ben gros monsieur le curé, mais y faudrait absolument que vous me fassiez une grande faveur, y dit, c’est ben important, y dit, c’est une question de vie ou de mort, pis vous pouvez pas me refuser ça.»
-« Faudrait que ça soit ben important qu’y dit le curé, mais d’abord, qu’est-ce que c’est? »
-« Ben, y dit, faudrait qu’on se marie d’urgence, y dit, moi pis ma fiancée, y dit, je peux pas vous en dire plus vite de même, c’est un peu compliqué, mais vous le regretterai pas, je vous le garantis. »
-« Bon, ben si c’est si important, y dit, allez chercher votre fiancée pis je vais vous faire ça tu-suite, pis ça sera fait toujours ben. »
Là le curé y se ramasse ses habits de prêtre pis y enlève ses lunettes pour se passer la tête dans le trou de la chasuble. Henri, vite comme l’éclair, donne un taloche sur les lunettes du curé…ça revole à terre, pis ça se brise en mille morceaux. -« Sainte-Bénite de Sainte-Vierge! Mes lunettes, Sainte-Face! »
-« Ah ben oui, qu’y dit le curé, est ben belle mais là, y dit, belle pas belle, comme tu peux voir, je suis après la fermer »
Henri y dit-« Je m’excuse ben gros monsieur le curé, mais y faudrait absolument que vous me fassiez une grande faveur, y dit, c’est ben important, y dit, c’est une question de vie ou de mort, pis vous pouvez pas me refuser ça.»
-« Faudrait que ça soit ben important qu’y dit le curé, mais d’abord, qu’est-ce que c’est? »
-« Ben, y dit, faudrait qu’on se marie d’urgence, y dit, moi pis ma fiancée, y dit, je peux pas vous en dire plus vite de même, c’est un peu compliqué, mais vous le regretterai pas, je vous le garantis. »
-« Bon, ben si c’est si important, y dit, allez chercher votre fiancée pis je vais vous faire ça tu-suite, pis ça sera fait toujours ben. »
Là le curé y se ramasse ses habits de prêtre pis y enlève ses lunettes pour se passer la tête dans le trou de la chasuble. Henri, vite comme l’éclair, donne un taloche sur les lunettes du curé…ça revole à terre, pis ça se brise en mille morceaux. -« Sainte-Bénite de Sainte-Vierge! Mes lunettes, Sainte-Face! »
Ah, là le curé était en beau maudit, y voyait plus clair. Henri se dépêche d’aller chercher La Noire sur le parvis de l’église, y la fait rentrer sur la pointe des pieds, y dit au prêtre -« Vous pouvez y aller monsieur le curé, on est prêts pour se marier ».
Là le curé se lève les bras en l’air, pis y fait ses signes pis ses simagrées, y marmonne ses formules en latin, pis y les arrose d’eau bénite.
Là le curé se lève les bras en l’air, pis y fait ses signes pis ses simagrées, y marmonne ses formules en latin, pis y les arrose d’eau bénite.
Pis les voilà déclarés unis devant Dieu "pour le meilleur et pour le pire", pis y leur demande de s’embrasser drette là pour finir.
Ben, y se sont embrassés, pis…croyez moi croyez moi pas, y s’est pas rien passé pantoute. Pis la Noire est restée en jument depuis ce temps là pis Henri ben y a continué à s’imaginer que son joual était une princesse ensorcelée.
Ben, y se sont embrassés, pis…croyez moi croyez moi pas, y s’est pas rien passé pantoute. Pis la Noire est restée en jument depuis ce temps là pis Henri ben y a continué à s’imaginer que son joual était une princesse ensorcelée.
Quand ça s’est su au village que le prêtre avait marié un homme avec une jument, ça a fait rire ben du monde, pis le curé y était pas ben ben content! Mais qu’est-ce que tu veux?
Ben sûr, y ont pas eu d’enfants mais y sont restés ensemble toute leur vie durant pis ceux qui les ont connus vous diront qu’y ont fini par se ressembler en maudit. Henri-face-de-cheval qu’y le surnommaient dans le temps. Pis çà l’air qu’y sifflait tout le temps la même chanson, « ma Noire de mes rêves », que ça s’appelait…une maudite belle chanson à part de ça, pis même que ça passe encore des fois à la radio, je vous le dis, je l’ai entendue pas plus tard que la semaine passée!
FIN
Ben sûr, y ont pas eu d’enfants mais y sont restés ensemble toute leur vie durant pis ceux qui les ont connus vous diront qu’y ont fini par se ressembler en maudit. Henri-face-de-cheval qu’y le surnommaient dans le temps. Pis çà l’air qu’y sifflait tout le temps la même chanson, « ma Noire de mes rêves », que ça s’appelait…une maudite belle chanson à part de ça, pis même que ça passe encore des fois à la radio, je vous le dis, je l’ai entendue pas plus tard que la semaine passée!
FIN
La Bride Magique, un conte écrit et raconté par Michel Côté.
Thème musical: Manoir de mes rêves de Django Reinhardt
Thème musical: Manoir de mes rêves de Django Reinhardt