Depuis des années, à chaque Noël, j'écris un nouveau conte.
À vous, petits et grands, j'offre ici la première de ces histoires, à raconter, au coin du feu, à l'heure du coucher...
La nappe volante du vent du Nord...
Un conte en quatre épisodes (dont voici le premier)
L’histoire se passe il y a longtemps, dans le nord du pays, au coeur d’un tout p’tit village, perdu dans le bois, où vivait une famille de 12 enfants…
La mère était morte en couches à la naissance de son dernier, pis le père lui, y est mort de désespoir pis de chagrin une couple de semaines plus tard…
C’est comme ça que Médée, l’aîné des enfants, en est venu à s’occuper de la famille.
Y avait beau être le plus vieux, avec onze enfants sur les bras, y s’est ben vite aperçu qui pourrait jamais y arriver tout seul! Ça y laissait même plus le temps de travailler…
Ça fait que là, y est allé voir la veuve Roy, sa plus proche voisine, qui s’était remarié trois fois, pis qu’y avait eu une floppée de filles…des grandes, des petites, de tout’ les âges.
Y en avait même une, Reine qu’à s’appelait, a devait ben avoir pas loin de trente ans, pis à s’était pas trouvé de mari encore…
Donc notre Médée va cogner à la porte de Mme Roy…TOC TOC TOC
- « Bonjour Mme Roy, euh...j’espère que ça va bien… euh j’aurais une grande faveur à vous quémander… ça me gêne un peu de vous d'mander ça, mais comme vous savez ben, depuis que mes vieux sont morts, chus ben en peine de m’arranger tout seul…pis à part de ça… la grande Reine pis moi , vu qu’on se reluque depuis une secousse…vous pensez pas qu’on pourrait …euh… »
- « Ben voyons mon p’tit Médée…ça fait longtemps qu’on y a pensé…même que m’sieur le curé m’en a parlé pas plus tard que dimanche passé! R'viens me voir demain matin, Reine à va être icitte pis tu vas voir, j’men va te régler ça ben vite… »
Aille! là Médée y était content! Y s’en retourne chez eux en courant…ça se passait pas mal comme y voulait. Pour vous dire franchement, la grande Reine Roy, y avait déjà un kick dessus!
Ça fait que le lendemain matin, ben de bonne heure, Médée y va faire un tour dans le bois, pis y ramène une branche de Bois-de-fer…(c’est une sorte de bois ben ben dur qu’y se servait dans l’temps pour faire des manches d’outils pis des essieux.)
Y s’en découpe un morceau pis y gosse après ça toute l’avant midi, toute l’après midi, pis une bonne partie d’la soirée…y finit par en faire un beau petit jonc ben délicat , avec un cœur au milieu toute bien dessiné…d’un coté c’était marqué : Reine …de l’autre Médée .
Sa marmaille le regardait faire en silence depuis une secousse…quand la plus vieille des filles lui demande : - « cou’don Médée, qu’escé que tu fais là? »
- « Aille vous autres, voulez vous ben, toute la gang monter vous coucher! »
Trois jours plus tard, y étaient mariés! Pis la grand Reine Roy à vient s’installer chez Médée. À s’occupe des p’tits, fait la cuisine, donne un coup de main…pis les enfants finissent par l’adopter …ah c’est ben sûr qu’y sont pas riches, mais y réussissent toujours ben à se réchapper.
24 Décembre
Ça fait qu’un bon soir, la veille du premier Noël depuis que Reine pis Médée sont mariés, toute la famille est attablée pour le souper du réveillon. Reine à vient juste de leur servir chacun un bon bol de soupe quand…ça cogne à la porte…TOC TOC
Le p’tit Médée saute en bas de sa chaise pis y se dépêche d’aller ouvrir…c’était le quêteux!
Ben oui, dans ce temps là, y avait des itinérants qui faisaient le tour des villages pour demander la charité, pis c’tes maudits quêteux là y avaient le don d’arriver juste à l’heure des repas! Pis même des fois, tard le soir, ça fait que t’étais obligé d’les garder à coucher!
Çà fait qu’y font rentrer le quêteux, lui tirent une chaise, l’installent sur le coin d’la table…Reine à va lui chercher le bol ébréché qu’à gardait juste pour les quêteux, pis avec sa grande louche à prend une cuillerée dans chacun des 13 plats. À finit par lui remplir son bol comme çà…à dit :- « Mangez, mangez pendant que c’est chaud! »
Pis c’est comme çà que ça se passe pour leur souper du réveillon…pis après le souper ben, le quêteux raconte ses histoires de quêteux, pis là les enfants ont peur, pis y veulent pus monter se coucher…pis çà finit qu’y est tard pis qu’y peuvent toujours ben pas le mettre dehors à c’t heure là en plein hiver!
Çà fait que le quêteux y couche à terre sur le bord d’la porte. Médée lui, met une couple de bonnes grosses bûches dans le poêle…pis merci bonsoir, y monte se coucher.
La mère était morte en couches à la naissance de son dernier, pis le père lui, y est mort de désespoir pis de chagrin une couple de semaines plus tard…
C’est comme ça que Médée, l’aîné des enfants, en est venu à s’occuper de la famille.
Y avait beau être le plus vieux, avec onze enfants sur les bras, y s’est ben vite aperçu qui pourrait jamais y arriver tout seul! Ça y laissait même plus le temps de travailler…
Ça fait que là, y est allé voir la veuve Roy, sa plus proche voisine, qui s’était remarié trois fois, pis qu’y avait eu une floppée de filles…des grandes, des petites, de tout’ les âges.
Y en avait même une, Reine qu’à s’appelait, a devait ben avoir pas loin de trente ans, pis à s’était pas trouvé de mari encore…
Donc notre Médée va cogner à la porte de Mme Roy…TOC TOC TOC
- « Bonjour Mme Roy, euh...j’espère que ça va bien… euh j’aurais une grande faveur à vous quémander… ça me gêne un peu de vous d'mander ça, mais comme vous savez ben, depuis que mes vieux sont morts, chus ben en peine de m’arranger tout seul…pis à part de ça… la grande Reine pis moi , vu qu’on se reluque depuis une secousse…vous pensez pas qu’on pourrait …euh… »
- « Ben voyons mon p’tit Médée…ça fait longtemps qu’on y a pensé…même que m’sieur le curé m’en a parlé pas plus tard que dimanche passé! R'viens me voir demain matin, Reine à va être icitte pis tu vas voir, j’men va te régler ça ben vite… »
Aille! là Médée y était content! Y s’en retourne chez eux en courant…ça se passait pas mal comme y voulait. Pour vous dire franchement, la grande Reine Roy, y avait déjà un kick dessus!
Ça fait que le lendemain matin, ben de bonne heure, Médée y va faire un tour dans le bois, pis y ramène une branche de Bois-de-fer…(c’est une sorte de bois ben ben dur qu’y se servait dans l’temps pour faire des manches d’outils pis des essieux.)
Y s’en découpe un morceau pis y gosse après ça toute l’avant midi, toute l’après midi, pis une bonne partie d’la soirée…y finit par en faire un beau petit jonc ben délicat , avec un cœur au milieu toute bien dessiné…d’un coté c’était marqué : Reine …de l’autre Médée .
Sa marmaille le regardait faire en silence depuis une secousse…quand la plus vieille des filles lui demande : - « cou’don Médée, qu’escé que tu fais là? »
- « Aille vous autres, voulez vous ben, toute la gang monter vous coucher! »
Trois jours plus tard, y étaient mariés! Pis la grand Reine Roy à vient s’installer chez Médée. À s’occupe des p’tits, fait la cuisine, donne un coup de main…pis les enfants finissent par l’adopter …ah c’est ben sûr qu’y sont pas riches, mais y réussissent toujours ben à se réchapper.
24 Décembre
Ça fait qu’un bon soir, la veille du premier Noël depuis que Reine pis Médée sont mariés, toute la famille est attablée pour le souper du réveillon. Reine à vient juste de leur servir chacun un bon bol de soupe quand…ça cogne à la porte…TOC TOC
Le p’tit Médée saute en bas de sa chaise pis y se dépêche d’aller ouvrir…c’était le quêteux!
Ben oui, dans ce temps là, y avait des itinérants qui faisaient le tour des villages pour demander la charité, pis c’tes maudits quêteux là y avaient le don d’arriver juste à l’heure des repas! Pis même des fois, tard le soir, ça fait que t’étais obligé d’les garder à coucher!
Çà fait qu’y font rentrer le quêteux, lui tirent une chaise, l’installent sur le coin d’la table…Reine à va lui chercher le bol ébréché qu’à gardait juste pour les quêteux, pis avec sa grande louche à prend une cuillerée dans chacun des 13 plats. À finit par lui remplir son bol comme çà…à dit :- « Mangez, mangez pendant que c’est chaud! »
Pis c’est comme çà que ça se passe pour leur souper du réveillon…pis après le souper ben, le quêteux raconte ses histoires de quêteux, pis là les enfants ont peur, pis y veulent pus monter se coucher…pis çà finit qu’y est tard pis qu’y peuvent toujours ben pas le mettre dehors à c’t heure là en plein hiver!
Çà fait que le quêteux y couche à terre sur le bord d’la porte. Médée lui, met une couple de bonnes grosses bûches dans le poêle…pis merci bonsoir, y monte se coucher.
Voici la suite du conte de Noël "La Nappe Volante du Vent du Nord"...
Le deuxième de quatre épisodes !
...Que va-t-il advenir du Quêteux?
25 Décembre.
De bonne heure le lendemain matin, les p’tits se réveillent pis se dépêchent de descendre en bas voir ce que le Père Noël leur à laissé sur le bord de la cheminée…d’habitude Médée leur gossait des p‘tits animaux en bois…
Ça coûtait pas cher mais y jouaient ben gros avec ça…
Mais là, qui c’est qu’y voient t’y pas, encore couché par terre sur le bord d’la porte? Le quêteux!
Ah ben, ça c’tait pas normal par exemple! Les autres fois qu’y avait dormi à maison le quêteux, y était sur l’ chemin ben avant que les enfants se lèvent!
Mais là y était encore couché sur’ l dos, les yeux grand- ouverts, y grouillait pas pantoute!
La plus grande à s’approche un peu, à y touche la main…y était frette comme d’la glace! - « Ah ben Sainte Viarge, à dit, pour moi y est mort! »
Aille là les autres partent à la course, grimpent l’escalier en se bousculant, pis y arrivent dans la chambre des parents :- « Médée, Médée, réveille toi, faut que tu descende en bas, y a le quêteux, y a le quêteux ! »
Aille, Médée, se faire réveiller de bonne heure comme ça par les enfants…surtout le matin de Noël…pour une fois qu’y aurait pu dormir!
Ça fait qu’y se lève, met sa robe de chambre, ses chaussons, pis y descend voir ce qui se passe en bas …en arrivant à coté du quêteux, y le brasse un peu…y était ben mort, y était raide comme une barre!
Tu parles d’une affaire!
Ça fait qu’y dit aux enfants :-« Mettez du bois dans l’poêle pis partez le déjeuner…j’vas aller voir le curé avec ça, y a pas d’autre chose à faire!
Aille, pis y faisait frette c’te matin là!
Ça fait qu’y s’habille comme y faut, y agrippe son quêteux , l’assit dans son traîneau pis le tire jusqu’au presbytère.
Comme de raison, enterrer un mort au matin du 25 Décembre, ça fait pas l’affaire du curé ben ben!
- « J’ai pas l’temps d’m’en occuper de suite…ma messe de 6 heures! qu’y dit …mais …faut ce qu’y faut! Amène-le en arrière d ‘la sacristie, tu vas voir, y a un pic pis une pelle sur le bord d’la shed…creuse-y un trou comme tu peux…j’vas passer y donner ma bénédiction, plus tard quand ça va être fait! »
Ça fait que Médée se met à creuser…pis creuse pis gratte, pis gratte pis creuse…la terre est gelée ben dure! Ça y prend toute son avant-midi pis une bonne partie de son après-midi pour creuser un trou assez grand pour pouvoir mettre son quêteux dedans…Maudit qu’y était grand c’te quêteux là…pis gras comme un voleur en plus de t’ça!
Le curé le guettait depuis une secousse par la fenêtre de la sacristie… Médée lui fait signe que c’est l’temps, ça fait qu’y arrive une couple de minutes plus tard. Juste le temps de sortir dehors, son goupillon est en train de geler dans le bénitier…Y dit à Médée :- « Ça va être beau comme ça, envoye le dans ‘l trou qu’on en finisse au plus vite, y fait t'y assez frette de même Torvisse ! »
Y marmonne deux trois mots en latin, y fait un grand signe de croix, pis y s’en retourne en frissonnant dans son presbytère.
Ça fait que Médée remplit son trou, pilote un peu par dessus ça, pis y s’en revient à la maison à moitié gelé…y commence déjà à faire noir!
Aille ça fait du bien de rentrer à la chaleur! En accrochant son manteau sur le crochet en arrière d’la porte, y s’enfarge quasiment dans les affaires du quêteux, roulées en boule pis tassées en dessous du banc, entre les paires de bottes des enfants…
Y sort ça de là : une vielle froque déchirée… c’est juste bon pour jeter dans le poêle! Un vieux casque de poil miteux…envoye dans l' poêle itou! Une besace en peau de ch’sais pas quoi, usée à corde …y savait pas trop quoi faire avec ça! Y commence à fouiller là-dedans…y avait toutes sortes d’affaires mêlées là dedans :
Un mouchoir sale taponné, une pipe le bout’ mâchouillé, des allumettes éparpillées, une belle salière, vide...y la met de coté...un chapelet, un béret tout crotté…pis en dessous de tout’ ça y avait comme un tissu roulé serré…comme un genre de nappe en guenille. Y en déroule un p’tit bout’, c’était plein de miettes de pain sec pis de graines de tabac c’t’affaire là! Ça fait qu’y dit : - « J’vas aller secouer ça dehors! »
Y met même pas ses bottes, y fait juste entrouvrir la porte un peu pis y commence à secouer ça…
Tout d’un coup, le vent du nord se lève, la poudrerie avec…ça y arrache la nappe des mains pis ça l’emporte dans un tourbillon blanc!
Y dit : - « Maudite affaire, j’vas pas aller fouiller dans la neige en pied-de-bas juste pour retrouver ça ! Y fait ben que trop mauvais! Pis qu’à mange un char, c’est juste une vielle nappe à part de t’ça! »
En se r’virant, y a Reine Roy piquée debout’ à coté d’la table, figée comme une statue, pis qu’à le r’garde en pleine face, les yeux rond comme des piasses, blême comme un drap…à dit : - « Saint-Ciarge, Médée, tu vois-tu c’que j’vois?
- « Sainte-Bénite, qu’y dit, ça parle au diable, tu veux tu ben me dire c’que qui s’passe icitte? »
Aille là ça se peut pas, en plein milieu d’la table, y a la nappe du quêteux, pis empilé dessus, y’a une montagne de nourriture…comme si on venait de leur servir un festin de riches… y a une grosse dinde rôtie jus’ à coté d’un jambon géant, une manne de p’tits pains fourrés, un immense baquet de soupe fumante…tout’ ça dans de la belle vaisselle neuve… pis ça sent bon!
Reine Roy, pas ben ben rassurée à dit– « Médée, à dit, est–tu capable de m’expliquer ça? »
- « je le sais ben pas!» qu’y dit …« mais en attendant, on est toujours ben pas pour laisser perdre ça! »
Pendant ce temps là cet’ odeur là s’était répandue dans toute la maison, pis ça a pas été long que les enfants on senti ça. Aille, y se sont tout’ garroché en bas…
pis là c’est la mêlée générale autour d’la table, les chaises ‘revolent, y a pu moyen d’les arrêter…
Mais pendant les 10 –15 minutes suivantes, ça parle pus pis ça mange…pis c’est bon c’est pas croyable!
À un moment donné, Albina, la plus grande des filles, à se lève, les larmes aux yeux, à dit :-« Médée, c’est le plus beau cadeau de Noël qu’on a jamais eu! »
J’ai jamais vu des p’tits manger vite de même ni autant que ça, pis j’ai jamais entendu du monde roter fort comme ça non plus! Mais même à ça, Reine Roy est obligée d’en serrer dans des petits plats! Pis après ça, à ramasse la belle vaisselle, la met de coté pour la laver.
À l’ôte la nappe pour aller la secouer…Médée y lâche un cri :-« touche pas à ça, j’vas m’en occuper moi même! » Y lui arrache la nappe des mains, y’la roule ben serrée, y fait semblant de rien pis y vas la cacher en arrière d’la boîte à bois!
Ça fait que les jours suivants y mangent leurs restants pis y’ en parlent pas.
Médée lui, y’attend pour voir si y a pas une entourloupe en dessous de t’ça!
Mais Reine Roy, ça la chicote pas mal…à voudrait ben savoir comment ça marche c’t’affaire là!
De bonne heure le lendemain matin, les p’tits se réveillent pis se dépêchent de descendre en bas voir ce que le Père Noël leur à laissé sur le bord de la cheminée…d’habitude Médée leur gossait des p‘tits animaux en bois…
Ça coûtait pas cher mais y jouaient ben gros avec ça…
Mais là, qui c’est qu’y voient t’y pas, encore couché par terre sur le bord d’la porte? Le quêteux!
Ah ben, ça c’tait pas normal par exemple! Les autres fois qu’y avait dormi à maison le quêteux, y était sur l’ chemin ben avant que les enfants se lèvent!
Mais là y était encore couché sur’ l dos, les yeux grand- ouverts, y grouillait pas pantoute!
La plus grande à s’approche un peu, à y touche la main…y était frette comme d’la glace! - « Ah ben Sainte Viarge, à dit, pour moi y est mort! »
Aille là les autres partent à la course, grimpent l’escalier en se bousculant, pis y arrivent dans la chambre des parents :- « Médée, Médée, réveille toi, faut que tu descende en bas, y a le quêteux, y a le quêteux ! »
Aille, Médée, se faire réveiller de bonne heure comme ça par les enfants…surtout le matin de Noël…pour une fois qu’y aurait pu dormir!
Ça fait qu’y se lève, met sa robe de chambre, ses chaussons, pis y descend voir ce qui se passe en bas …en arrivant à coté du quêteux, y le brasse un peu…y était ben mort, y était raide comme une barre!
Tu parles d’une affaire!
Ça fait qu’y dit aux enfants :-« Mettez du bois dans l’poêle pis partez le déjeuner…j’vas aller voir le curé avec ça, y a pas d’autre chose à faire!
Aille, pis y faisait frette c’te matin là!
Ça fait qu’y s’habille comme y faut, y agrippe son quêteux , l’assit dans son traîneau pis le tire jusqu’au presbytère.
Comme de raison, enterrer un mort au matin du 25 Décembre, ça fait pas l’affaire du curé ben ben!
- « J’ai pas l’temps d’m’en occuper de suite…ma messe de 6 heures! qu’y dit …mais …faut ce qu’y faut! Amène-le en arrière d ‘la sacristie, tu vas voir, y a un pic pis une pelle sur le bord d’la shed…creuse-y un trou comme tu peux…j’vas passer y donner ma bénédiction, plus tard quand ça va être fait! »
Ça fait que Médée se met à creuser…pis creuse pis gratte, pis gratte pis creuse…la terre est gelée ben dure! Ça y prend toute son avant-midi pis une bonne partie de son après-midi pour creuser un trou assez grand pour pouvoir mettre son quêteux dedans…Maudit qu’y était grand c’te quêteux là…pis gras comme un voleur en plus de t’ça!
Le curé le guettait depuis une secousse par la fenêtre de la sacristie… Médée lui fait signe que c’est l’temps, ça fait qu’y arrive une couple de minutes plus tard. Juste le temps de sortir dehors, son goupillon est en train de geler dans le bénitier…Y dit à Médée :- « Ça va être beau comme ça, envoye le dans ‘l trou qu’on en finisse au plus vite, y fait t'y assez frette de même Torvisse ! »
Y marmonne deux trois mots en latin, y fait un grand signe de croix, pis y s’en retourne en frissonnant dans son presbytère.
Ça fait que Médée remplit son trou, pilote un peu par dessus ça, pis y s’en revient à la maison à moitié gelé…y commence déjà à faire noir!
Aille ça fait du bien de rentrer à la chaleur! En accrochant son manteau sur le crochet en arrière d’la porte, y s’enfarge quasiment dans les affaires du quêteux, roulées en boule pis tassées en dessous du banc, entre les paires de bottes des enfants…
Y sort ça de là : une vielle froque déchirée… c’est juste bon pour jeter dans le poêle! Un vieux casque de poil miteux…envoye dans l' poêle itou! Une besace en peau de ch’sais pas quoi, usée à corde …y savait pas trop quoi faire avec ça! Y commence à fouiller là-dedans…y avait toutes sortes d’affaires mêlées là dedans :
Un mouchoir sale taponné, une pipe le bout’ mâchouillé, des allumettes éparpillées, une belle salière, vide...y la met de coté...un chapelet, un béret tout crotté…pis en dessous de tout’ ça y avait comme un tissu roulé serré…comme un genre de nappe en guenille. Y en déroule un p’tit bout’, c’était plein de miettes de pain sec pis de graines de tabac c’t’affaire là! Ça fait qu’y dit : - « J’vas aller secouer ça dehors! »
Y met même pas ses bottes, y fait juste entrouvrir la porte un peu pis y commence à secouer ça…
Tout d’un coup, le vent du nord se lève, la poudrerie avec…ça y arrache la nappe des mains pis ça l’emporte dans un tourbillon blanc!
Y dit : - « Maudite affaire, j’vas pas aller fouiller dans la neige en pied-de-bas juste pour retrouver ça ! Y fait ben que trop mauvais! Pis qu’à mange un char, c’est juste une vielle nappe à part de t’ça! »
En se r’virant, y a Reine Roy piquée debout’ à coté d’la table, figée comme une statue, pis qu’à le r’garde en pleine face, les yeux rond comme des piasses, blême comme un drap…à dit : - « Saint-Ciarge, Médée, tu vois-tu c’que j’vois?
- « Sainte-Bénite, qu’y dit, ça parle au diable, tu veux tu ben me dire c’que qui s’passe icitte? »
Aille là ça se peut pas, en plein milieu d’la table, y a la nappe du quêteux, pis empilé dessus, y’a une montagne de nourriture…comme si on venait de leur servir un festin de riches… y a une grosse dinde rôtie jus’ à coté d’un jambon géant, une manne de p’tits pains fourrés, un immense baquet de soupe fumante…tout’ ça dans de la belle vaisselle neuve… pis ça sent bon!
Reine Roy, pas ben ben rassurée à dit– « Médée, à dit, est–tu capable de m’expliquer ça? »
- « je le sais ben pas!» qu’y dit …« mais en attendant, on est toujours ben pas pour laisser perdre ça! »
Pendant ce temps là cet’ odeur là s’était répandue dans toute la maison, pis ça a pas été long que les enfants on senti ça. Aille, y se sont tout’ garroché en bas…
pis là c’est la mêlée générale autour d’la table, les chaises ‘revolent, y a pu moyen d’les arrêter…
Mais pendant les 10 –15 minutes suivantes, ça parle pus pis ça mange…pis c’est bon c’est pas croyable!
À un moment donné, Albina, la plus grande des filles, à se lève, les larmes aux yeux, à dit :-« Médée, c’est le plus beau cadeau de Noël qu’on a jamais eu! »
J’ai jamais vu des p’tits manger vite de même ni autant que ça, pis j’ai jamais entendu du monde roter fort comme ça non plus! Mais même à ça, Reine Roy est obligée d’en serrer dans des petits plats! Pis après ça, à ramasse la belle vaisselle, la met de coté pour la laver.
À l’ôte la nappe pour aller la secouer…Médée y lâche un cri :-« touche pas à ça, j’vas m’en occuper moi même! » Y lui arrache la nappe des mains, y’la roule ben serrée, y fait semblant de rien pis y vas la cacher en arrière d’la boîte à bois!
Ça fait que les jours suivants y mangent leurs restants pis y’ en parlent pas.
Médée lui, y’attend pour voir si y a pas une entourloupe en dessous de t’ça!
Mais Reine Roy, ça la chicote pas mal…à voudrait ben savoir comment ça marche c’t’affaire là!
Nous voici rendus au troisième épisode (sur quatre) de La Nappe Volante...
...Reine Roy va t-elle sucomber à la tentation?
...Reine Roy va t-elle sucomber à la tentation?
Une bonne semaine plus tard…la veille du Jour de l’An, y leur reste plus grand chose à manger!
Reine à leux' a fait une ‘ptite soupe maigre, mais ça fait pitié à coté du repas d’la semaine passée! Les enfants jouent dehors, Médée est en train de se bercer sur’l bord du pôele…
Reine Roy à pousse un grand soupir pis à se décide d’aller y parler.
À dit : - « Cout-donc Médée, la nappe du quêteux…ça fait une semaine jour pour jour pis, euh…y s’est pas encore rien passé!… me semble, à dit, que pour le r’pas du jour de l’An…si tu m’explique ben comme faut comment, peut-être ben que j’pourrais, euh, l’essayer?
Médée y dit :- « J’étais justement en train d’y penser… d’abord y est pas question que tu touches à ça là »Y dit :- « C’est trop dangereux, on sait pas qu’est ce qu’y se cache en dessous de t’ça…mais si tu t’en vas dans ta chambre, j’vas la rasseiller, pis quand ça va être fait, si c’est correct, j’vas t’appeler!
Ça fait qu’y va fouiller en arrière de sa boîte à bois, y ressort la nappe du quêteux, est’tait toute plein de grenailles…Y dit; - « j’vas faire pareil comme l’autre fois, on verra ben c’qui va arriver! »
Reine es’tait à genoux en haut de l’escalier pis à le guettait...
Ça fait que mon Médée s’en va sur le pas d’la porte, y déroule sa nappe pis y fait juste la brasser un p‘tit peu…en secouant ça, le vent du nord se lève, la poudrerie…
… ça y arrache la nappe des mains…pis a disparaît dans un tourbillon! …exactement comme la première fois!
Y se r’vire de bord…la nappe du quêteux est sur la table…la dinde, le jambon, les p’tits pains fourrés, la marmite de soupe…pis Reine Roy, debout’ au milieu de l’escalier …pis à l’arrête pas de faire des signes de croix! À dit :
- « Bon Yeu d’bonne Sainte Anne de Saint Ciarge…chu pas sûre que ça soit ben catholique cet’histoire là! »
Médée y dit : - « T’as ben raison, y peut pas avoir d’autre chose que l’ diable en d’sous de t’ça! y dit, J’ai ben envie de te tirer ça dans l’poêle moi c’te nappe là! »
Reine à dit : - « Ben d’abord, faisons manger les p’tits, pis après ça on va y penser hein mon Médée? »
Sur l’ entrefaite, les enfants rentrent de dehors, pis y ont faim…y font ni un ni deux, y se précipitent autour d’la table pis y te font toute une razzia la dedans!
Une demie-heure plus tard, Médée dégreille les restants, ramasse sa nappe, la roule ben comme y faut …Reine Roy à fait semblant de rien mais à l’ose pas bouger!…Médée y dit :- Pas un mot su’à game, on n’en parle pas à personne…là y est tard …mais va ben falloir se débarrasser de t’çà c’te nappe là… » Mais dans l’fond, y a ben d’la misère à se résigner à faire quelque chose comme ça! aille! Jeter une nappe qui fait d’la nourriture toute seule…pis d’la bonne à part de t’ça!
Ça fait que ça reste de même. Quelques jours plus tard, le 5 Janvier au soir, les enfants sont couchés, Reine pis Médée viennent juste de monter…Reine à le colle un peu pis à y passe la main dans les cheveux, à dit;-« Mon beau Dédé d’amour…tu sais quel jour qu’on est aujourd’hui? T’oublie pas que c’est ma fête demain? »
Médée y se dit;- « Que c’est qu’à va me demander encore? »
À dit :- « Vu que c’est mon anniversaire demain…on pourrait se servir d’la nappe une dernière fois…pis c’te fois là, j’aimerais ben ça que tu me laisse l’essayer…s’il vous plaît? »
Médée y dit :- « Non non non non…y en est pas question…c’est trop dangereux!
Pis d’abord, y faut pas commencer à se servir de t’ça trop souvent…on va finir par se gâter!»
Y dit, - «couche toi pis dort, demain je vas te gosser un p’tit cadeau avec mon couteau!. »
Reine à même pas l’temps de lui répondre qu’y dormait déjà…la bouche ouverte, y ronflait comme une truie! Pis Reine elle, ben, tourne d’un bord pis tourne de l’autre, est ‘tais pas capable de s'endormir! C‘est pas tant la gourmandise que la curiosité qui la tenait réveillée. À se demandait ben comment ça marchait c’t affaire là!
Ça fait qu’à l’ attend un peu qu’y dorme ben comme y faut…pis là à se lève, à met sa robe de chambre, pis à descend en bas sur la pointe des pieds…À s’allume une chandelle, pis à va fouiller en arrière d’la boîte à bois…à l’avait vu Médée cacher la nappe du quêteux dans ce coin là!
À soulève une couple de bûches…est ‘tait ben là! À l’en déroule un p‘tit bout’…est’tait toute sale…à dit j’vas aller secouer ça dehors!
À fait juste entrouvrir la porte…à se sort le bras pis à se met à secouer …En secouant ça! le vent du Nord se lève, la poudrerie…ça y arrache presque la nappe des mains! À la tient encore plus fort…à se dit :- « Y faut surtout pas que je l’échappe! Médée va être choqué noir pis là j’vas me faire chicaner! » Ça fait qu’à rentre ses grands doigts minces entre les mailles d’la guenille pis à s’accroche ben comme y faut! Mais là le vent se met à souffler encore plus fort, une vraie tornade! Tellement que l’ouragan emporte la nappe...pis Reine Roy avec!!!
Reine à leux' a fait une ‘ptite soupe maigre, mais ça fait pitié à coté du repas d’la semaine passée! Les enfants jouent dehors, Médée est en train de se bercer sur’l bord du pôele…
Reine Roy à pousse un grand soupir pis à se décide d’aller y parler.
À dit : - « Cout-donc Médée, la nappe du quêteux…ça fait une semaine jour pour jour pis, euh…y s’est pas encore rien passé!… me semble, à dit, que pour le r’pas du jour de l’An…si tu m’explique ben comme faut comment, peut-être ben que j’pourrais, euh, l’essayer?
Médée y dit :- « J’étais justement en train d’y penser… d’abord y est pas question que tu touches à ça là »Y dit :- « C’est trop dangereux, on sait pas qu’est ce qu’y se cache en dessous de t’ça…mais si tu t’en vas dans ta chambre, j’vas la rasseiller, pis quand ça va être fait, si c’est correct, j’vas t’appeler!
Ça fait qu’y va fouiller en arrière de sa boîte à bois, y ressort la nappe du quêteux, est’tait toute plein de grenailles…Y dit; - « j’vas faire pareil comme l’autre fois, on verra ben c’qui va arriver! »
Reine es’tait à genoux en haut de l’escalier pis à le guettait...
Ça fait que mon Médée s’en va sur le pas d’la porte, y déroule sa nappe pis y fait juste la brasser un p‘tit peu…en secouant ça, le vent du nord se lève, la poudrerie…
… ça y arrache la nappe des mains…pis a disparaît dans un tourbillon! …exactement comme la première fois!
Y se r’vire de bord…la nappe du quêteux est sur la table…la dinde, le jambon, les p’tits pains fourrés, la marmite de soupe…pis Reine Roy, debout’ au milieu de l’escalier …pis à l’arrête pas de faire des signes de croix! À dit :
- « Bon Yeu d’bonne Sainte Anne de Saint Ciarge…chu pas sûre que ça soit ben catholique cet’histoire là! »
Médée y dit : - « T’as ben raison, y peut pas avoir d’autre chose que l’ diable en d’sous de t’ça! y dit, J’ai ben envie de te tirer ça dans l’poêle moi c’te nappe là! »
Reine à dit : - « Ben d’abord, faisons manger les p’tits, pis après ça on va y penser hein mon Médée? »
Sur l’ entrefaite, les enfants rentrent de dehors, pis y ont faim…y font ni un ni deux, y se précipitent autour d’la table pis y te font toute une razzia la dedans!
Une demie-heure plus tard, Médée dégreille les restants, ramasse sa nappe, la roule ben comme y faut …Reine Roy à fait semblant de rien mais à l’ose pas bouger!…Médée y dit :- Pas un mot su’à game, on n’en parle pas à personne…là y est tard …mais va ben falloir se débarrasser de t’çà c’te nappe là… » Mais dans l’fond, y a ben d’la misère à se résigner à faire quelque chose comme ça! aille! Jeter une nappe qui fait d’la nourriture toute seule…pis d’la bonne à part de t’ça!
Ça fait que ça reste de même. Quelques jours plus tard, le 5 Janvier au soir, les enfants sont couchés, Reine pis Médée viennent juste de monter…Reine à le colle un peu pis à y passe la main dans les cheveux, à dit;-« Mon beau Dédé d’amour…tu sais quel jour qu’on est aujourd’hui? T’oublie pas que c’est ma fête demain? »
Médée y se dit;- « Que c’est qu’à va me demander encore? »
À dit :- « Vu que c’est mon anniversaire demain…on pourrait se servir d’la nappe une dernière fois…pis c’te fois là, j’aimerais ben ça que tu me laisse l’essayer…s’il vous plaît? »
Médée y dit :- « Non non non non…y en est pas question…c’est trop dangereux!
Pis d’abord, y faut pas commencer à se servir de t’ça trop souvent…on va finir par se gâter!»
Y dit, - «couche toi pis dort, demain je vas te gosser un p’tit cadeau avec mon couteau!. »
Reine à même pas l’temps de lui répondre qu’y dormait déjà…la bouche ouverte, y ronflait comme une truie! Pis Reine elle, ben, tourne d’un bord pis tourne de l’autre, est ‘tais pas capable de s'endormir! C‘est pas tant la gourmandise que la curiosité qui la tenait réveillée. À se demandait ben comment ça marchait c’t affaire là!
Ça fait qu’à l’ attend un peu qu’y dorme ben comme y faut…pis là à se lève, à met sa robe de chambre, pis à descend en bas sur la pointe des pieds…À s’allume une chandelle, pis à va fouiller en arrière d’la boîte à bois…à l’avait vu Médée cacher la nappe du quêteux dans ce coin là!
À soulève une couple de bûches…est ‘tait ben là! À l’en déroule un p‘tit bout’…est’tait toute sale…à dit j’vas aller secouer ça dehors!
À fait juste entrouvrir la porte…à se sort le bras pis à se met à secouer …En secouant ça! le vent du Nord se lève, la poudrerie…ça y arrache presque la nappe des mains! À la tient encore plus fort…à se dit :- « Y faut surtout pas que je l’échappe! Médée va être choqué noir pis là j’vas me faire chicaner! » Ça fait qu’à rentre ses grands doigts minces entre les mailles d’la guenille pis à s’accroche ben comme y faut! Mais là le vent se met à souffler encore plus fort, une vraie tornade! Tellement que l’ouragan emporte la nappe...pis Reine Roy avec!!!
En fin de conte, voilà ce qui arriva à la grande Reine Roy, à la veille de la fête des Rois!
"La Nappe Volante"...suite et Fin...
JOYEUSES FÊTES!
"La Nappe Volante"...suite et Fin...
JOYEUSES FÊTES!
Le lendemain matin, vers cinq heures cinq heures et quart, Médée se rouvre un œil…y regarde à coté de lui, Reine est ‘tait pas là! Y touche sa place…c’était froid!
Y dit :- « Veux tu ben me dire où c’est qu’est passée? Ça fait donc ben longtemps qu’est levée! »
Ça fait qu’y se lève, s’habille, descend en bas…le poêle était même pas allumé pis la porte de dehors était grande ouverte! Ça fait qu’y va fermer ça…fait une flambée de bois dans l’poêle, fait le tour d’la maison, y la trouve pas à nulle part!
Y met de l’eau à chauffer, remonte en haut, va voir dans la chambre des enfants si à se serait pas rendormie avec le plus petit…des fois y faisait des cauchemars…è'tait pas là non plus! Ouais ! Là ça commence à le tracasser…
Y va fouiller en arrière de la boîte à bois…la nappe du quêteux è'tait plus là!
– « Sainte bénite de saint Cigare, qu’es-cé qu’à fait encore ! »
Y va réveiller les enfants pis y leur dit :- «Écoutez moi ben, Reine Roy à disparu pis y faut que vous m’aidiez de suite à la retrouver! » Ça fait que tout ‘l monde s’habille chaudement, y font le tour du village, personne à vu Reine Roy…
Sur l’heure du midi y rentrent se réchauffer, pis y repartent tout de suite après avec les chiens, pis ce coup là y vont jusqu’au troisième village…y trouvent rien!
Ça fait que vers la fin de l’après-midi y décident de revenir à maison…y ont faim, y ont froid, sont fatigués, y ont la face gelée! La noirceur commence à prendre quand y débouchent en haut du chemin.
En arrivant devant chez eux, toutes les lumières sont allumées! Aille, y rentrent en dedans sans se déneiger…sur la table d’la cuisine, y a la nappe du quêteux , le gros jambon, la dinde rôtie, les p’tits pains fourrés, la marmite de soupe, pis y a même un gâteau en plus de t’ça!
Y font le tour d’la maison, montent en haut, pas de Reine Roy…
Là, Médée commence à être pas mal découragé!
Quand y redescend en bas, les enfants sont déjà en train de manger…Médée, lui, ça y tente pas trop! Y finit par s’asseoir à sa place, pigrasse dans son assiette, y se d’mande ben qu’est-ce qu’y a pu se passer…
Pendant ce temps là, tout l’ monde est rendu au dessert, pis y commencent déjà à se chamailler pour savoir qui c’est qu’y aurait le plus gros morceau de gâteau…Là Médée est obligé de s’en mêler, de sortir son canif, pis de partager ça en douze portions ben égales…
Tout le monde dévore son dessert en moins de deux, y a juste Médée qu’y a pas encore touché au sien …
Ça fait que là, ça fait encore d’la chicane pour savoir c’est qui qu’y aurait le morceau à Médée…
- « Ah ben, y dit, laissez donc faire d’abord…j’va le manger mon morceau, bande de fatigants! »
Y en avale deux trois bouchées, comme pour s’en débarrasser, mais là y s’étouffe ben raide!
Y est pus capable de respirer…y vient rouge, y vient blanc…y fait peur à voir…c’est à croire qu’y va y rester!
La plus grande à avait lu des livres, à savait quoi faire, à dit :- « Virez le à l’envers pis tapez-y dans l’dos le plus fort que vous pouvez…vite, y est en train de crever! Pis là, tenez- y ben la mâchoire, j’vas me rentrer la main pour voir qu’est ce qu’y a de pris de travers dans le gorgoton!»
À l’avait des grands doigts fins comme sa mère. À y rentre ça dans la gorge…y avait quelque chose de dur de pris…À poigne ça comme y faut…à tire…c’était un p’tit jonc noir en bois de fer…avec un p’tit cœur au milieu…d’un coté c’était marqué Reine, pis de l’autre Médée…
C’est depuis ce temps là qu’à tout’ les 6 de Janvier on mange d’la galette des Roy…les garçons pis les filles avec!
Pis swingne la baquaise dans l’fond d’la boîte à bois !
- FIN -
La Nappe Volante du Vent du Nord,
un conte écrit et raconté par Michel Coté (Hiver 2005/2006)
Y dit :- « Veux tu ben me dire où c’est qu’est passée? Ça fait donc ben longtemps qu’est levée! »
Ça fait qu’y se lève, s’habille, descend en bas…le poêle était même pas allumé pis la porte de dehors était grande ouverte! Ça fait qu’y va fermer ça…fait une flambée de bois dans l’poêle, fait le tour d’la maison, y la trouve pas à nulle part!
Y met de l’eau à chauffer, remonte en haut, va voir dans la chambre des enfants si à se serait pas rendormie avec le plus petit…des fois y faisait des cauchemars…è'tait pas là non plus! Ouais ! Là ça commence à le tracasser…
Y va fouiller en arrière de la boîte à bois…la nappe du quêteux è'tait plus là!
– « Sainte bénite de saint Cigare, qu’es-cé qu’à fait encore ! »
Y va réveiller les enfants pis y leur dit :- «Écoutez moi ben, Reine Roy à disparu pis y faut que vous m’aidiez de suite à la retrouver! » Ça fait que tout ‘l monde s’habille chaudement, y font le tour du village, personne à vu Reine Roy…
Sur l’heure du midi y rentrent se réchauffer, pis y repartent tout de suite après avec les chiens, pis ce coup là y vont jusqu’au troisième village…y trouvent rien!
Ça fait que vers la fin de l’après-midi y décident de revenir à maison…y ont faim, y ont froid, sont fatigués, y ont la face gelée! La noirceur commence à prendre quand y débouchent en haut du chemin.
En arrivant devant chez eux, toutes les lumières sont allumées! Aille, y rentrent en dedans sans se déneiger…sur la table d’la cuisine, y a la nappe du quêteux , le gros jambon, la dinde rôtie, les p’tits pains fourrés, la marmite de soupe, pis y a même un gâteau en plus de t’ça!
Y font le tour d’la maison, montent en haut, pas de Reine Roy…
Là, Médée commence à être pas mal découragé!
Quand y redescend en bas, les enfants sont déjà en train de manger…Médée, lui, ça y tente pas trop! Y finit par s’asseoir à sa place, pigrasse dans son assiette, y se d’mande ben qu’est-ce qu’y a pu se passer…
Pendant ce temps là, tout l’ monde est rendu au dessert, pis y commencent déjà à se chamailler pour savoir qui c’est qu’y aurait le plus gros morceau de gâteau…Là Médée est obligé de s’en mêler, de sortir son canif, pis de partager ça en douze portions ben égales…
Tout le monde dévore son dessert en moins de deux, y a juste Médée qu’y a pas encore touché au sien …
Ça fait que là, ça fait encore d’la chicane pour savoir c’est qui qu’y aurait le morceau à Médée…
- « Ah ben, y dit, laissez donc faire d’abord…j’va le manger mon morceau, bande de fatigants! »
Y en avale deux trois bouchées, comme pour s’en débarrasser, mais là y s’étouffe ben raide!
Y est pus capable de respirer…y vient rouge, y vient blanc…y fait peur à voir…c’est à croire qu’y va y rester!
La plus grande à avait lu des livres, à savait quoi faire, à dit :- « Virez le à l’envers pis tapez-y dans l’dos le plus fort que vous pouvez…vite, y est en train de crever! Pis là, tenez- y ben la mâchoire, j’vas me rentrer la main pour voir qu’est ce qu’y a de pris de travers dans le gorgoton!»
À l’avait des grands doigts fins comme sa mère. À y rentre ça dans la gorge…y avait quelque chose de dur de pris…À poigne ça comme y faut…à tire…c’était un p’tit jonc noir en bois de fer…avec un p’tit cœur au milieu…d’un coté c’était marqué Reine, pis de l’autre Médée…
C’est depuis ce temps là qu’à tout’ les 6 de Janvier on mange d’la galette des Roy…les garçons pis les filles avec!
Pis swingne la baquaise dans l’fond d’la boîte à bois !
- FIN -
La Nappe Volante du Vent du Nord,
un conte écrit et raconté par Michel Coté (Hiver 2005/2006)