Depuis des années, à chaque Noël, j'écris un nouveau conte. À vous, petits et grands, j'offre ici une autre de ces histoires, à raconter, au coin du feu, à l'heure du coucher... Cinquième et dernier épisode... 60 ans plus tard… Le village de Saint-Alzéor-des-Monts a bien changé. Sa population s’est multiplié par cent. L’ancien Rang Croche est devenu un boulevard asphalté. Un centre commercial moderne a remplacé le magasin général des Turgeon. Leurs enfants y gèrent maintenant un beau restaurant. Un camping municipal avec terrain de jeux prend place du long de la Noire, près du Méandre. Une base de plein air avec des pentes de ski et un ciné-parc pendant l’été est gérée par les Dupont. À l’emplacement du vieux moulin on a construit une belle bibliothèque publique qui sert aussi de centre paroissial. Les jumelles Dupont, aujourd’hui âgées de 73 ans, y sont des visiteurs assidus… Assises à leur place habituelle, près des fenêtres qui donnent sur le boulevard, elles surveillent les allées et venues ... - « Tu vois cette vieille dame, celle avec les longues nattes blanches ?» demande Noëla .
- « Elle a le visage si plissé qu’on voit à peine ses yeux !» souffle Noëline . - « Tu crois que c’est elle ? » - « C’est possible » répond Noëline. « Elle a l’air un peu perdue. On dirait qu’elle cherche quelque chose.» - « Ou bien quelqu’un! » souligne Noëla anxieusement… - « Oh, et regarde là bas sur le trottoir à l’entrée du pont…» Un jeune garçon se dirige vers la vieille femme... Il est infirme... La polio, sans doute. Son bras gauche est atrophié… - « Sacré Ti-bras, y a pas changé d'une miette, même après toutes ces années…hi hi...» - « Quand ils comprendront que la corde a brûlé avec le moulin…» - « Toute bonne chose a une fin, comme on dit!» - « Et s’ils nous reconnaissent et viennent nous questionner?» s’inquiète Noëla. - « Moi en tous cas, je m’ souviendrai de rien » répond Noëline, le sourire en coin. FIN Duos improbables et conversations impétueuses entre amis...
je vous présente ici le quatrième extrait d'une rencontre fructueuse. Depuis des années, à chaque Noël, j'écris un nouveau conte. À vous, petits et grands, j'offre ici une autre de ces histoires, à raconter, au coin du feu, à l'heure du coucher... -Épisode quatrième, de cinq... Le lendemain matin, alors que toute la maisonnée roupille encore, les jumelles avancent d’un pas rapide sur la neige durcie du chemin. Le ciel est clair, pas un nuage; une belle matinée d’hiver! Le froid leur rosit les joues, leur haleine fume dans l’air glacé. En moins de vingt minutes, elles arrivent en vue de magasin général. Elles cherchent en vain un signe, une piste…la tempête a tout effacé. - « On entre questionner madame Turgeon?» Demande Noëla. « Elle a peut-être vu quelqu’un, après tout! » - « Pourquoi pas. On a rien à perdre. Au pire, on s’achète chacune brioche aux raisins! » - « Mmmm…bonne idée inspecteur Noëline! » «Ding Dong»…elle entrent en ricanant. - « Vous êtes ben de bonne humeur à matin, les inséparables! Je gage que vous nous préparez encore un mauvais coup là ? » demande la mère Turgeon en essuyant ses lunettes avec son tablier. - « Jamais de la vie! » répliquent les jumelles à l’unisson. - « Deux brioches chaudes avec deux verres de lait, c’est-tu un mauvais coup ça? » demande Noëline. - « Pis deux pailles avec les verres de lait-s’il-vous-plaît! » rajoute Noëla pour faire plus poli. Tout en dégustant leur collation les filles s’informent discrètement des allées et venues autour du magasin, la veille. - « Hier à l’heure du souper…mmm…attendez voir…à part vous autres…y a votre père qui a téléphoné… pis votre frère Guillaume en skidoo, mais y est pas rentré…après ça y a Ti-bras Dufour qui… » - « Ti-bras Dufour !!!» crient les jumelles en s’étouffant quasiment. «On savait pas qu’il était dans le coin, celui là! » - « Ça fait sept ans qu’il est placé dans une famille à Saint - Gédéon-du-Lac…chez une sœur à sa défunte mère…pauvre monsieur Dufour! Ti-bras est venu passer le temps des fêtes avec son père, y paraît. Y parle pas beaucoup Ti-bras, vous savez ben… » - « Y transportait pas un sac de jute, une poche en toile? » demande Noëline. - « J’ai pas remarqué, mais il est pas resté longtemps. Y avait l’air fatigué. Y m’a acheté une lampe à l’huile en spécial, des allumettes, pis y est reparti sans seulement dire merci! » Les deux filles retournent dehors, stimulées par le progrès de leur enquête… - « Ti-bras Dufour…c’est sûrement lui! s’exclame Noëline. - « Il était caché dans le chalet de son père… y nous a vu…y nous a suivi…y'a pris le sac pendant qu’on était au magasin… » poursuit Noëla. - « Où peut-il être maintenant? » se demande Noëline « Il faut absolument le retrouver! » réplique Noëla. Les jumelles continuent de marcher sur la route en direction du pont. La mine soucieuse une ride d’inquiétude barre leurs deux fronts. En passant à la hauteur du vieux moulin abandonné, Noëla remarque qu’un filet de fumée s’échappe de la cheminée du bâtiment aux ouvertures condamnées. - « C’est bizarre cette fumée… » - « Te rappelle-tu…Ti-bras allait se réfugier là en pleurant quand son ivrogne de père battait sa mère, dans le temps. » - « Allons jeter un coup d’œil… c’est peut-être lui … la lampe à l’huile, les allumettes… » En passant par derrière, elles trouvent des volets entrouverts sur une fenêtre brisée. Elles se glissent à l’intérieur. Dans le vieux poêle rouillé brûle un restant de braises. Par terre, une lampe à l’huile, encore allumée ... Au milieu de la pièce, sur toute la hauteur de la tour du moulin, sortant par un trou dans la toiture, la corde ensorcelée se tient debout toute seule… personne ne répond à leurs appels angoissés… Un grattement entre les madriers du plancher…une souris minuscule sort de nulle part et passe entre les jambes de Noëline …Sa sœur pousse un hurlement strident et se recule vivement. La lampe tombe et se brise, l’huile se répand sur le plancher qui s’enflamme immédiatement. En quelques instants le feu court sur les poutres et les murs…le bois est sec et vieux, il brûle comme de la paille. Les jumelles n’ont que le temps de sortir du brasier, tout flambe à présent. Elles courent sans s’arrêter jusqu’au magasin… Madame Turgeon, paniquée, téléphone aux habitants du coin… - « Y a le feu au vieux moulin, vite, avertissez tous ceux que vous pourrez! » Les fermiers accourent…mais il est trop tard. Une épaisse fumée se dégage des restes calcinés… les flammes ont tout dévoré. Les habitants finissent par se disperser. Un à un, les gens s’en retournent chez eux, résignés . Il ne reste plus que les jumelles, Monsieur Dupont père, Guillaume, Rodrigue et Gilbert ses fils, madame Turgeon et puis Jules, son mari. Noëline et Noëla regardent fixement les cendres fumantes, hypnotisées… - « Feu, feu, joli feu… » chantonne un voix paillarde derrière elles. - « Que v’la t’y pas le père Dufour ! » s’exclame madame Turgeon. Le soulon s’approche en zigzaguant, un quarante onces sous le bras… - « C’est un ben beau feu que vous avez là! » bégaie-t-il péniblement. Pis pendant que j’y pense…z’auriez pas vu mon garçon à c’t heure ? » - « … » - « Ti-bras… mon branleux de p’tit gars ! » - « … » - « Attends un peu que je te le ramasse celui là…y va en manger toute une! » Sans autre façon, l’ivrogne s’en retourne en maugréant. - « Maudite boisson…! » dit monsieur Dupont, après un moment. - « Peut-être ben, mais là là… moi j’dirais pas non à un p’tit remontant ! » chuchote monsieur Turgeon en faisant un clin d’œil à la ronde. - « C’est vrai qu’une fois n’est pas coutume ! » fait remarquer Gilbert, l’aîné des enfants. « Ben si tout le monde est unanime, venez vous-en donc à la maison…» proclame monsieur Dupont. « J’ai un p’tit tord-boyaux pas piqué des vers que je garde pour les évènements! » Suite et Fin au prochain épisode...
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Michel Côté MusiqueBlog Archives
Mars 2020
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